dimanche 26 mai 2013

Strasbourg Semaine 11

Strasbourg
Sortir sans destination. Remonter les rues, longer les trottoirs. Compter les sans abri machinalement. Voir entre les lignes. Lire la ville. Avancer et revenir.

Boulot Pause
Sortir du bureau, fermer à double tours, longer le couloir du A, respecter le marquage au sol, passer un sas, deux grilles, descendre deux étages, passer un sas, deux grilles, longer deux couloirs, passer deux portes... dehors fumer une cigarette... et revenir

Furtive
Si je devais écrire un journal de batailles il ne serait que des répétitions.

Strasbourg
Sans Abri, chaque minute marque vos chairs et nourrie les divagations. La dérive donne parfois des fruits du hasard.

Strasbourg
Je ne veux rien endosser de vous. Ni cautionner. Tourner mon regard vers mes compagnons de galère et ceux de la poésie. Voilà tout. Je vais continuer d'avancer avec mes petits cailloux. 

Sans-abri
Éveillez une compassion furtive, de surface et de bon ton. Notre créativité, nos résistances inventives, nos compétences, nos partages, nos solidarités emplies de douceur, sans calcul, sont un exemple à suivre. Mais n'intéressent que les marchands. 

Les associations
Pour moi les assoces c'est terminé. J'en ai assez. 

jeudi 9 mai 2013

Strasbourg Semaine 10


Jean D
Le poète n'est pas absent, il n'est plus là. Je voudrais vous dire. Les mots battent de l'aile. Ils restent figés. C'est par le poème que nous trouvons nos coïncidences et à nous-mêmes que nous restons absents. 

Strasbourg 2014
Les anges eux?. Vos enjeux ne sont pas les nôtres, nous ne faisons que vivre. Et si vivre pour nous, n'a pas de prix, ce n'est pas monnayable. L'obsession de la vie. 

Suicidaire 
C'est à la racine que je suis brisée. Je ne cours pas sous l'orage car ça ne le fait pas s'éloigner. Avis aux suicidaires ; attention, il pleut des cordes. 

Binôme 
Me voici devenue plusieurs. Je suis binôme. Deux en lutte, l'une en colère, l'autre qui rêve. Vivre ses plusieurs, désarmer la voix intérieure qui vous souffle l'abandon. Je vous abandonne ces mots, ils ne m'appartiennent plus, ils ne sont plus à moi. 

Strasbourg Pollution
Une bouffée d'air après l'autre il va vers l'étouffement. Il se faufile dans les ruelles étroites, s'éloigne des échappements. Il enfile les voies sur le fil d'une vie flageolante. Tapie dans l'ombre de ses poumons la fuite peut-être. Survivre parmi vous ; vivre au milieu de rien. 

Audience
Des bouts de phrases parsemées de silences. Ça vous claque, estomaque. "J'ai bien compris que pour beaucoup de gens je suis moins qu'un chien". Sensation. Parfois écrire me ramène dans le parking du quartier gare. Ils lisent dans mes yeux. Peut-être pas. 

Strasbourg
Les sans-abri. On les ausculte, les libère, les entrave, les abandonne, les soigne, on les fait parler et mentir, parfois et puis on les oublie... Nous aussi on a besoin de rêver. Au propre comme au figuré. Yeux qui s'embrument......souvenirs qui remontent.....

vendredi 3 mai 2013

Strasbourg Semaine 9

Le monde
Le monde est à la distance idéale, celle de ma myopie et lunettes égarées. Demain est-il à-venir ou simplement un jour qui vient s'ajouter. J'ai l'impression que nous vivons accrochés à des hypothèses. 

Strasbourg
Nous sommes là où tu ne regardes plus. Viens est une route étroite. Trop d'évidences dont je n'ai pas envie. Plus envie. Le monde s'accroche au vide, la vérité se fait furtive. J’ai perdu la foi en l’amour. Pourquoi se lever puisque le monde est à ras de terre ?.

Tram 6 heures
Il dort d'un sommeil agité. Soudain s'assoit et râle, tente de se redresser, retombe. Les gens ont peur et s'éloignent. Je m'inquiète de lui, de ce qu'il a avalé. Les sans-abri copains me rassurent "ils gère". Il va faire autant de fois que nécessaire le tour de la ligne. Juste de quoi tenir debout et aller. Allons-y. 

Strasbourg
Vais-je me lancer dans le nettoyage des vitres. Voir, regarder à travers une vitre. Il reste toujours des traces parfois invisibles à l'oeil. Le vrai est pesant, la vérité s'est égarée dans vos coulisses tortueuses. Où est le drôle?.  

Effacement
La rue c'est l'absence. Une douleur qui au fil des années se transforme. L'absence devient préférable à toute compagnie. On ne meurt pas de la rue, on disparait, on s'efface. On se gomme sur l'asphalte. 

Strasbourg
Et c'est l'absence du monde qui se cache dans mes phrases. Je préfère porter en moi la contradiction. Tu combats dit-elle. Laisse moi suivre le vol de l'oiseau qui m'entraîne au-delà des nuages. Et si on faisait des plans sur la comète. Seuls les imbéciles ont des prétentions sur un réel changement. Changer le futur lorsqu'on ne peut le percevoir est le cadet de tous nos soucis. Il y a l'expérience vécue et il y a les discours. 

Strasbourg 
Hier soir j'ai ri. Trois fois, exactement. Ça m'a fait un drôle d'effet. C'est un fait. J'envie parfois les gens qui ne se rêvent pas ailleurs. C'est la poésie qui fait barrage à mes larmes. Je ne sais toujours pas à quoi servent ces phrases en semaine. 

mercredi 1 mai 2013

Strasbourg Semaine 8

Quand même
je veux pas dire mais je vais le dire quand même, les cons, ça coupent l'herbe ou ça broutent ou les deux. Et l'angoisse d'une nouvelle oppression comme avenir. 

Tiens on est mardi Strasbourg
J'étrenne ma tasse rigolote. Une moitié du ciel est bleue. Petite mon père m'achetait des surprises au bar tabac épicerie boulangerie. Rose. Un jour j'ai demandé une bleue. Il me semble. 

Strasbourg
Solidarité négative, réseau de connivence, ennemi par essence, tout est fait pour empêcher l'autre de s'exprimer. Mon clavier est un cannibale qui avale tous mes mots. 

Strasbourg
Quand il fait froid et que je marche la nuit contre un vent glacé, j'entre dans une zone d'incertitude. 

Strasbourg
Il pleut. Passante dans une vie qui passe. Je lis ce qui me tombe sous la main, je feuillette, je survole. Mes yeux sont libres. Chaque jour je marche dans mes pas de la veille. Les souvenirs peuvent être indiscrets. 

Strasbourg
Peut-être que le réel attend de pouvoir se poser?. N'est-ce pas étrange de tenter une écriture légère sur les sacs de plomb des sans-abri?.

Strasbourg
Ciel clair, températures clémentes, pas de vent. Les chats sont à la fenêtre. Du parc de jeux montent des cris et des rires d'enfants. 

Strasbourg Semaine 7

Lundi (seulement)
C'est en m'effaçant que je me protège des préjugés, du mépris et des haines qu'ils engendrent.  Il y a des moments où il vaut mieux éviter de penser. Parce qu'il vaut mieux ne penser à rien.

Transparence SDF
Nous sommes trop nombreux à avoir la transparence de fantômes. Entre existence et inexistence. Les passants nous ignorent comme un terrible avenir possible. Parfois c'est préférable à la pesanteur de la chose publique. 

MédiasCredi
C'est dingue ce que le système médiatique peut enfanter comme imposteurs. Je vais me coucher sur le vide des mots reprit par les élus de la république. 

Strasbourg et partout
Saturation à tous les menus. La bête immonde s'écoule sur le monde comme une lave et nous recouvre de ses cendres noires. Sommes-nous impuissants, sans recours?. 

Strasbourg
Nous sommes en train de devenir la nuit au rêve usé. Il y a des seuils à ne pas franchir, des maisons à éviter, des lieux à bannir, des mots à taire, des silences à colorier. 

Strasbourg
Le monde sombre sous nos regards médusés. Nous voici transformés en décérébrés mécontents de tout. Il me reste le rien en refuge. 

Demain
On verra bien, je vous dirais. 

Strasbourg Semaine 6

Fatigue
Trahisons, mensonges, aveux, violence, vacarme, qui m'enferment dans le silence. Ce temps qui passe de l'hiver à l'automne et l'hiver qui revient, ça ronge le moral. Le temps passe. Il passe et je m'efface un peu plus. 

Strasbourg 
Écrire rien, sur le rien de Strasbourg, mais rien ne vient. Viens. Trop d'impressions et de pages blanches. Un jour, les choses ne seront plus mais cette ville ne veut rien avouer. 

Tram 
L'ombre du sans-abri s'accroche à ce trottoir qui l'accueille chaque jour après jour après nuit. Il entre le dernier dans le tram. Il parle, le silence l'écoute. Entre chien et loup est le bon moment pour s'effondrer dans le caniveau. Avec lui je peux tomber ma carapace. 

Ailleurs
Un jour ou peut-être une nuit j'irais ailleurs. "Un jour peut-être une nuit, je m'étais endormie, quand soudain… ", je chantonne en moi même. Je suis plusieurs et je fredonne. Mes deux sont en lutte. Je peux mélanger les fredonnements. 

Femmes
Je rencontre régulièrement des femmes merveilleuses, peu d'hommes. Je suis à la Semaine 6 et je ne sais pas à quoi ça sert. 

Strasbourg
Il fait beau, le soleil est là et moi je me dis que ça ne va pas durer. Zut. Et voilà, il pleut. Il fait beau. Une averse. Même le temps est devenu fou. Pierrick dit que je piaffe, c'est quoi piaffer, je ne sais pas et je me tais. Je piaffe sans savoir. 

Strasbourg
Je vais te quitter Strasbourg, tu ne fais aucun effort. J'aime Paris, j'aime Toulouse, J'aime Grenoble, j'aime Strasbourg. 

Strasbourg Semaine 5

Strasbourg
Les hommes marchent, le vent souffle, les arbres font la danse de la pluie. Il y a aussi du silence dans la tempête. 

Strasbourg
Je ne sais pas qui a tué l'aventure ni pourquoi à sa place on nous a fichu la mésaventure. Le plus triste dans la mort d'un sans-abri ce sont ses années de survie. C'est la vie. 

Même si
Si l'hiver s'accroche à nos guenilles, un jour prochain les Magnolias fleuriront quand même.  

Strasbourg Monde
C'est bien le même monde, la même ville. Je suis parfois bien obligée d'y croire. Mais il y a ce que je vois et des montées de larmes a étouffer. J'étouffe. 

Tram
Grégaire primaire chacun devient quelqu'un d'autre on est seul en nous-même. 

Fin de semaine
Mes pensées traînent autour du week-end qui commence, sans idées précises. Le froid. Ici on peut mourir de la misère sans que personne ne s'y intéresse, pas même la justice. 

Strasbourg
La vie passe comme l'eau calme d'une rivière dont on ne voit pas le fond. Parfois il est plus facile d'étouffer que de respirer. On ne peut pas se pendre à une question. 

Strasbourg Semaine 4

Strasbourg
Par delà le vent rien au levant pas même un regard à naître. Les envergures contre tous mènent droit dans le décor.

Calmement Indifférent
Le soir est là comme chaque jour qui décline, s'incline. Les phrases comme les jours sont fragiles. Un être humain normal fouille les poubelles à la recherche d'une maigre pitance.

Strasbourg
Un soudain et furtif rayon de soleil. Deux secondes. Je suis contente encore plusieurs secondes après.

La disparition
Nous plonge dans un abîme sans fond - les souvenirs s'effacent et les histoires ne racontent que des histoires. Tout ce que l'on fait pour tromper l'attente d'un futur déjà présent s'écrit au passé. Composé. Épars - mal assemblé - décousu - dépareillé - le monde.

Strasbourg
Des étudiants Erasmus de … NewYork dans le tram. Chut j'écoute. Je profite.

Quelque(s) chose(s)
J'ai enfin accepté mon indifférence à vos bruits. Le refuge refus à entrer dans votre monde. Je ne sais pas pourquoi l'indifférence me semblait impossible. Il y a plein d'étoiles dans le ciel ce soir. 

Lapsus.
Se tenir, s'en tenir à une incertitude. Je fuie le vacarme et je regarde les vies des sans qui s'éteignent. S'arrêtent. Des vies s'arrêtent. Et moi, j'ai parfois des chansons idiotes qui s'arrêtent dans ma tête.

Strasbourg Semaine 3

Strasbourg
Pluie vent froid et fièvre. Chute, tomber. Chut se taire. Se mouvoir discrètement dans un monde mis de côté où, on ne compte pas. On va sans conter.

Tram
Assis collés hanche contre hanche, chacun un téléphone dans une main et d'un pouce agile ils se font un défilé d'informations et d'images à part.

Les peuples
Vaincus par leur conscience hachée déchirée piétinée endormie assommée. Arbitraire est un mot que j'écris sans raison précise. J'aurais pu écrire réjouir ou un de ses dérivés - regret - je suis du peuple handicapé du temps.

Strasbourg
La pluie verglaçant ne fait pas de différence entre les gens ça mérite un égard aux égards qui se posent sur nous avec la délicatesse d'un flocon.

Strasbourg
Aujourd'hui le voile de la pollution teinte le ciel en rose. Ce hâle empoisonné a effacé les nuages gris. Heureusement que nous savons sinon tous nos bras en tomberaient, nos pieds s'y emmêleraient et l'humanité serait rampante.

Présumés Préserver
Les présumés sont priés de faire le ménage derrière eux afin de préserver le public. Nous ne tolèrerons pas que l'attention du public soit détournée du mirage de la croissance. Il serait fort judiciable que le public prenne conscience que chaque jour des gens meurent à petit feu près d'eux sans aide ni assistance.

Printemps
Des bourgeons là, des hommes glacés partout. Le calendrier ne raconte pas la même histoire à chacun. C'est peut-être mieux ainsi - personne n'est d'accord, on ne sait plus. Ça c'est sûr.

Strasbourg Semaine 2

Strasbourg
5 heures du matin ciel blanc. 6 heures du matin ciel laiteux. 7 heures du matin ciel nuageux et pluie verglaçante. 8 heures du matin les cloches de l'église s'affolent. Je m'enfonce sous la couette.

Strasbourg
Grignoté, lentement, par la misère, dévoré par l'abandon, rongé par le manque d’amour. Civière. Disparition dans le bruit de la circulation. Un sans-abri est mort. Avec lui se meurt un souhait d'humanité.

Strasbourg
Parfois, mon âme me revient en tête. Un rapide passage. Un peu partout quelques places d'hébergement ajoutées en réaction à la météo. Pas à Strasbourg... Ici on met des gens à la rue pour les "remplacer" par des familles.

Pascal
Nous raconte l'histoire tragique d'un homme à qui le RSA a été coupé. Une erreur qui va être réparée. Mais quand?.

Pensée
Il m'arrive de ne plus pouvoir écrire. De plonger dans un vide qui engouffre tout. Silence. Mais l'écriture n'est jamais loin. Le ciel non plus.

Subitement
Soudain une bourrasque balaye le ciel la rue le trottoir et s'engouffre dans les pans de manteaux. Dans l'Abribus où tente de se protéger un homme de la rue, aussi.

Strasbourg
Je n'aime pas la pluie. J'en ai assez ; qui n'emporte jamais les chagrins avec elle.

Strasbourg Semaine 1

Strasbourg.
Grand soleil, températures polaires, aux alentours du manque de degrés.  Lecture des journaux, j'enchaîne les articles sur le consensus prison. De bons constats, des bonnes idées. Le silence en retour et toujours cette bizarre impression de ne pas voir les jours passer, de ne pas bien savoir ce que l’on en a fait.

Strasbourg.
Le froid paralyse vraiment. Le soleil dans ces conditions s'apprécie mieux derrière une fenêtre. Le détachement semble cacher en lui une grande puissance.   

Strasbourg. 
Se forcer à bouger, sortir. Regarder vivre les autres, les écouter, ça participe à la tentative, intime, d'être moins étroit, moins indigent.   Lecture. Je ne peux pas écrire une phrase qui ne contienne pas une dose de rébellion. Sinon elle ne m'intéresse pas. Je suis toujours indigné de tout ce que je vois… Albert Cossery  

Décision. 
Je déchire le projet "cabanes écolos". Je coupe les ponts avec lui et je me concentre sur la survie sous les ponts de mes camarades. Je vais tenter de trouver quelques futilités, dans l'observation du mouvement effréné de l'animal homme ; rend-il heureux ce mouvement incessant?. Ressent-il de la satisfaction, du bonheur ?. Où n'est-ce qu'une fuite en avant ; insatiable, insatisfait. Illusions.   

Strasbourg. 
Je viens de remarquer que j'avais beaucoup d'invitations à des "actions" militantes. vais-je y aller alors que toutes manquent d'actions ?. Et y croiser des gens réunis pour l'occasion. Réunions à saturation.  

Indignation. 
On peut donc s'indigner sur une chose que l'on aura sélectionnée en laissant pourrir le reste du monde ?.    Politique. Si tout est politique…   

Strasbourg.
Froid. Lorsque je parle, ma bouche fume. Je vais me taire.   

Strasbourg. 
Un sans rien Roumain me raconte sa vie. Il pense que je vais en faire des poèmes. Il dit "pouèm". Laisser des traces de certains moments de sa vie. Déchirures, mouvements, peines, guerre, amour et trahison, choix de partir, la France. Il y a de la matière, ma page reste blanche.  

Strasbourg. 
Et si je mourrais, là, maintenant?.