mardi 10 mai 2016

je marche (avec mon ombre)

je marche,
je marche sur le bitume sombre
je marche sous l'or et le bleu du ciel
et le rideau d'immeubles-forêt s'ouvre
avec ses gouffres de noir profond

je marche
et j'aspire l'air, j'aspire le soleil, j'aspire
et ma peau s'imprègne, et ma tête plonge sous elle
j'écarte les bras
je les lève vers le ciel et le touche en ombre du bout des doigts

j'avance sur l'asphalte-terre-sol-air
je me hisse sur la pointe des pieds
et je flotte parmi les nuées

il faut rendre à la vie son vivant

#MonAnge

samedi 7 mai 2016

réfugié

Je n’ai pas décidé de partir, je suis parti / pour être tristement libre / dit l’étranger sans refuge / le temps glisse vers un long cauchemar / images de guerre en tête / des corps inanimés / l’océan / où les soldats reviennent par vagues, interminables et insensibles

le temps

marcher au ralenti n'influe pas sur le temps / l'ennui s'enroule sur lui-même et s'endort / il remonte le fil des souvenirs, des images ; des impressions que j'ai gardé fixées depuis / je sens toujours le poids de leurs regards / décharnés-fixes / qui me poursuivent dans le présent même de l'ailleurs / je regarde le paysage / je lève les yeux, c'est un présent ailleurs mais présent qui se déroule

quand, sur les murs

quand, sur les murs / sur les miroirs / coulent des larmes arc en ciel / car on n'en finit plus d'à jamais sauver le monde / le même / et, dans la foulée, de le quitter, puis de le perdre, le laissant dans la même agonie / quand, devant nos yeux / il ressemble à une pauvre bougie, à la flamme vacillante / j'ai du noir plein la tête ; jusque dans la bouche, en haut le coeur / la douleur résonne comme une brise sèche en plein hiver / je commence à comprendre que toutes mes, nos pathologies, je les invente et les propulse sans savoir, de ma tête à mon corps, de mes yeux vers ma peau / j'encaisse / pour demain / être prête / s'accrocher