lundi 12 octobre 2015

Désolé pour le dérangement

Je petit-déjeune dans le froid qui s'installe. Je suis assis au centre sur le bord de la tente. A ma gauche, à ma droite, les pents de la tente claquent légèrement avec la brise. Je suis dans un coin reculé de la ville, loin des éternels fâchés qui s'activent à me chasser dès lors qu'ils découvrent mon existence. Un thermos posé à main droite, je tartine mon pain rassis en écoutant la radio. Je regarde vers la route qui se devine à travers les arbres, perdu dans mes souvenirs de solitude, de mort. La couleur du ciel est neutre. Grisâtre. Je rêvasse. Le monde s'agite de plus en plus, sans moi. Je me rapproche un peu plus du bord de la tente. Je bois un peu de café. Je me prépare déjà à devoir bouger. J'attends que la vague humaine se calme. Je sors de la tente et termine le café tiède. Je ramasse mes affaires et les rangent dans mon sac à dos. Je déplie la tente, la range dans la toile plastique et la place dans sa cachette. C’est le matin. Je dois faire ça chaque jour. Je pars vers la ville avec cette crainte que le soir avant la nuit en revenant on m'ait tout volé.