vendredi 17 août 2012

L'enfant du squat et la vieille


L'enfant du squat et la vieille

Tony: Aujourd'hui on m'a dit que j'étais un migrant et que ça voulait dire que je n'étais pas d'ici. C'est vrai?
La vieille: Hum. En fait tous les enfants de ton âge sont mi-grand. C'est une évidence. Et puis tu grandiras, alors tu deviendras grand. 
Tony: Et pourquoi les gens ils veulent toujours dire que je suis d'ailleurs, je suis d'ici maintenant. 
La vieille: Tu sais Tony les gens sont bizarres pour moi. Ils veulent changer le monde et passe beaucoup de temps à pleurer parce qu'ils voudraient que rien ne change. 
Nous deux on est pareil. On est comme plein de gens mais tous ne le savent pas. On est des exilés Tony, toi, moi, ta mère, Freddy, JeanJean, tous. 
L'exil c'est quelque chose en nous, aucun rapport direct avec un pays dont on viendrait. Regarde moi. Je suis née dans le sud-ouest ; exil. J'ai vécue à Paris; exil. Je suis séparée, divorcée si tu préfères; c'est un exil et tant d'autres choses encore.  
On est des nomades, tous. Mais les gens ne le savent pas. 
Tony: On a qu'à leur dire et comme ça ils arrêteront de faire le mal. 
La vieille: Les gens ne vont jamais accepter cette idée…
Tony: Quelle idée?
La vieille: Que nous sommes tous des nomades, que nous sommes tous de partout.
Tony: C'est pour ça qu'on s'aime pour de vrai? 
La vieille: Oui. Parce que nous savons que tout ça pourrait être vrai. Nous savons que nous pourrions être l'autre. 
Tony: On est les plus riches du monde en vrai.


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